Les légendes
Les pouvoirs de l'eau
Dans la vallée de l'Ignon, l'eau est présente partout. De multiples sources, appelées Douix, ou vouivre, sourdent sur tous les finages. Depuis l'antiquité, l'eau fascine, elle conditionne la vie. Elle était plus ou moins divinisée, habitée par des esprits, et rassemblait les humains et les animaux.
A l'origine, les hommes lui ont souvent attribué des vertus miraculeuses, mythiques, surtout si elle sortait d'un lieu aride.
Beaucoup de sources portent un nom de Saint.
La source peut passer soit pour un être divin, soit pour être hantée par un esprit ou un génie surtout si, sur la roche à proximité, il y a une empreinte, ces pierres à cupules qui peuvent paraître le résultat d'une érosion naturelle, ou avoir été forcées par Dame nature.
Les principaux exemples de pierres à cupules sont les suivants :
- le Genoux à l'âne de Saint Seine, sur le territoire de Cheneroilles,
- le Pas de Saint Maurice à Francheville.
Certaines sources ont un pouvoir oraculaire :
On pouvait y jetter une pièce de lingerie d'un malade, si elle surnageait, le malade était sauvé car l'homme de sciences était prévenu, si elle s'enfonçait, il n'y avait plus d'espoir.
- la Fontaine du Roo à Frénois,
- les sept fontaines à Diénay, Moloy et Lamargelle : à la Saint Eloi, on pouvait y voir, le jour de la chandeleur, des jeunes filles y jeter du pain, ou leur mouchoir. S'il surnageait, elles se marieraient dans l'année avec l'être aimé.
Les sources hantées
La source pouvait aussi être un lieu hanté par les fées ou des animaux.
A Saulx le Duc, un serpent caché dans les flancs de la butte Saint Siméon sortait la nuit de Noël pour boire à la source. La source passait pour être à la fois femme et serpent. Elle pouvait se parer d'ailes, de pierreries, et éclairer la nuit comme un phare, elle pouvait également garder des trésors.
Les lieux hantés par les fées sont en général des combes un peu sauvages, humides et encaissées, des rochers isolés.
Les fées peuvent être de formes différentes, vaporeuses, parfois richement habillées, surtout si elles gardent un trésor. Elles peuvent se transformer en animal.
Nous retiendrons l'exemple de la Licorne à Vaux Saules.
Les pierres
A Poncey sur l'Ignon, la pierre qui vire fait un tour tous les cent ans, à l'aube du second jour de l'année.
A Vaux Saules, il y a un lieu dit "en pierre virant". Au solstice d'hiver, la lune brillait dessus et renvoyait mille étoiles qui, selon le dicton populaire, attirait les femelles des cervidés.
Les boyaux sous la terre
Près des sources, des vouivres, des Dames blanches, il pouvait y avoir des trous, boyaux qui se glissent sous le sol et permettent à un homme de pénétrer au sein de la terre, tout ceci n'a pu qu'exiter l'imagination de nos ancêtres.
Prenons pour exemple le trou de Soucy à Francheville d'où un canard jeté pouvait réapparaître huit jours plus tard au Creu bleu à Villecomte.
Le diable
Outre l'eau, le soleil et les saints, il y avait également le diable. Si Dieu et ses Saints étaient honorés, le diable et ses suppots étaient redoutés. Le diable a d'ailleurs laissé son nom à Léry, "la Brosse du diable", à Moloy, "la Combe au diable".
A Francheville, on raconte que le diable s'était glissé dans la peau de l'arracheur de bornes, l'homme qui agrandissait les propriétés. Il apparaissait toujours la nuit. Un habitant s'étant moqué de lui alors qu'il soutirait du vin au tonneau en pleine nuit , vit soudain le liquide obliquer et éteindre la chandelle, tout son vin fut perdu.
L'arc en ciel
Rappelons également que l'arc en ciel en Bourgogne se dénommait "Couronne de Saint Bernard", mieux valait ne pas passer dessous, sinon on changeait de sexe.
A Poiseul la Grange, les habitants estimaient que si la grêle ne s'abbatait jamais sur leurs terres, c'était grâce à la statue du Saint qu'ils conservaient en leur église.
A Saint Seine l'Abbaye, en année de sécheresse, il fallait asperger le curé avec de l'eau, pour faire venir la pluie.
Le feu
Le soleil et le feu. Il était ainsi de bon aloi, au solstice d'hiver, de garder un morceau de la bûche de Noël et de la remettre au feu le jour du solstice d'été, pour les feux de la Saint Jean, de reprendre une braise de ce feu, et de la remettre dans la cheminée le jour de Noël.
Ainsi, l'on prolongeait la vie de la famille et l'on protégeait la maison et les récoltes entre les deux solstices.
Les feux follets
A Vernot, le feu follet, appelé également petit lutin (âme du mort) avait la taille d'un enfant de 8 ans, mais sa force était prodigieuse. Le jour, on le voyait le long de la rivière, le soir, sous les coteaux, il prenait la forme d'une flamme. Vers minuit, il marchait le long des chemins et s'emparait du voyageur attardé et le jetait dans un précipice du haut de la roche appelée Roche du petit follet.