Le tacot
Le Tacot Dijon / Aignay le Duc, via Saint Seine l'Abbaye, a fait l'objet d'une vaste recherche sur le terrain puis des travaux purent être envisagés dans les années 1880, à l'ère de la nouvelle mode de locomotion. En effet, les diligences commençaient de se voir grignoter leurs parts de marché.
Ainsi la ligne Dijon / Saint Seine l'Abbaye a été inaugurée le 27 mars 1904. Puis ; à la veille de la Grande Guerre, le tracé Saint Seine / Lamargelle fut inauguré le 3 mars 1913.
Les anciens disaient que "la voie du Tacot a été faite pour vider de son sang les vallées ".
En effet, la Grande Guerre va avaler toute une génération.
Le tacot |
Le Tacot fonctionnait à la vapeur, et utilisait le bois, matériaux noble, que l'on trouve en grande quantité dans notre vallée.
Quoique sa vitesse soit moindre par rapport à celle des chemins de fer, le Tacot était une grande amélioration apportée aux moyens de communication des voitures à chevaux, cahotées, attaquées et pillées sur les routes blanches, encaissées dans de vastes forêts où pouvaient se cacher les brigands.
Il est vrai que lorsque le Tacot montait les côtes d'Aignay le Duc ou de Saint Seine l'Abbaye, le voyageur avait le temps de ramasser des escargots, de cueillir un bouquet de fleurs, de poser culotte ou de traire une vache pour avoir un petit pot de lait.
Outre les voyageurs, le Tacot transportait également, à bord de wagons spéciaux, de la marchandise telle que du bois, des matières fossiles, pierre ou fer, du foin, de la paille, du blé, des orges, pour Dijon, et remontait dans la vallée ce dont les habitants, en particulier les épiciers des villages, avaient besoin, ainsi bien sur, le courrier, et ceci avec trois services par jour, matin, midi et soir, dans les deux sens.
Toutefois, tant en raison de la hardiesse du tracé que de l'étroitesse des voies, un mètre seulement, ce brave Tacot évoluait avec une sage lenteur et manœuvrait fréquemment dans différents arrêts pour y laisser ou y perdre un wagon de marchandises.
En conséquence, il disposait d'un horaire très large; mais le temps n'était pas compté, et il fallait environ quatre heures pour relier Aignay le Duc à Dijon. Cela représentait toujours un gain de temps de moitié par rapport à la voiture à cheval, et avec un confort très supérieur, malgré l'antique chauffage par bouillotte, et non plus par chaufferette où les passagers étaient enfumés et où, dans les grosses diligences, on pouvait humer l'odeur du WC intérieur qui se ballottait dans la lessiveuse au gré des secousses.
Toute cette population cheminote apportait de la vie industrieuse dans les campagnes, et l'on repérait de loin la fumée du Tacot. Les jeunes filles et les jeunes gens des villages voyaient là une aubaine pour la vie future, c'était l'appel vers la ville. Le Tacot se modernisa après la seconde guerre mondiale en 1947 avec une micheline, puis laissa sa place aux autobus en septembre 1948.
Et toute la poésie que le Tacot apportait dans cette vallée de l'Ignon, tant par son halètement courageux que par son fier panache de fumée, blanc ou noir, a disparu avec lui ; les rails ont été vendus. On en retrouve certains en piquets d'angle dans les pâtures. Les derniers vestiges de cette voie restent seuls, à voir les animaux ou les hommes qui les ont détrônés, et qui peuvent encore passer.
Heureux souvenirs, vous restez seuls… Ainsi en vont les choses, comme des hommes "sic transit gloria mundi".